Belgian Follies
Suite à la présentation de Miscellaneous Follies au printemps 2019 à Kanal – Centre Pompidou, le CIVA a décidé de prolonger la réflexion sur l’histoire des parcs à folies et la construction de pavillons, édicules et fabriques au cours du temps. L’exposition initiale se proposait de déplier l’histoire qui nous relie à l’origine de ces architectures imaginaires, à vocation réflexive et critique, pour pouvoir en observer des itérations plus récentes. Belgian Follies nous plonge aux sources mêmes de cet univers romanesque, dont l’atmosphère entourant d’une aura mystique ces petits bâtiments frivoles semble, étrangement, émouvoir le monde littéraire ou cinématographique plus que celui de la politique d’aménagement de nos territoires.
Monstres, ruines, temples, belvédères, pyramides, obélisques, grottes sont autant de figures qui aident à penser l’architecture dans la perspective du temps long de l’aventure humaine. Celle-là même où chacun tente de trouver sa place sur terre, quoique très légèrement en dehors du monde. Les follies sont des dispositifs de considération de l’environnement et d’examen de la discipline architecturale : leur existence, leurs rapports de co-construction avec le paysage, leur imaginaire potentiel ou encore leur économie propre. Des appareils réflexifs et mémoriels transmis de générations en générations.
Terriblement sophistiquées ou exagérément sommaires, les follies sont totalement inutiles, mais tellement nécessaires. Elles fédèrent. Elles intensifient. Organisées en systèmes, les follies pensent le territoire par émergences, et non par une planification globale. Chaque folly clame sa raison d’être et révoque les propositions de la précédente. Plutôt que des vestiges, les follies manifestent des fondations. Hors des parcs des aristocrates du XVIIIe siècle, c’est désormais l’environnement métropolitain qu’elles considèrent. En réponse à l’écologie fragile de notre monde qui tente d’inventer un rapport équilibré à ses ressources et son milieu, les follies formulent l’architecture et le paysage comme une culture indissociable. Il s’agit par cette exposition de continuer à déployer l’enthousiasme prospectif des follies, pour échapper un temps aux turpitudes du monde et mettre en forme des manières de l’habiter.
L'exposition présente des documents (gravures, maquettes, livres) provenant de collections privées et publiques dont certains n'ont jamais été exposés. Une attention particulière est portée sur les parcs d'Enghien, du Schoonenberg, d'Attre et de Wespelaar. Une série de photographies permet de découvrir de nombreuses fabriques en Belgique dans des lieux accessibles ou privés.