L'atelier Confiné

Une sélection de dessins d'étudiants de l'ENSA-Versailles produits durant le confinement
Adresse
11 Rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris
Öffnungszeiten
Di–Sa 11-19 Uhr

Une sélection de ces dessins sera proposée à la vente en multiples, dont une partie des bénéfices sera reversée au fonds d'aide d'urgence aux étudiants de l'ENSA-V.

Guillaume Ramillien / architecte dplg et maître de conférences titulaire ENSA-V
Gabrielle Bazin, Théophile Bianciotto, Samuel Garland, Chloé Gillespie, Alice Daubigny, Alicya Jouet, Sophie Kaltenback, Quentin Lemazurier, Julien Quinet, Félix Thiollier / étudiants à l'ENSA-V

Lundi 16 mars, midi. Comme nous tous, mes étudiants et moi-même nous sommes trouvés assignés à résidence pour participer à lutter contre la propagation de l’épidémie de COVID-19 alors en train de déferler, après l’Asie et l’Orient, sur toute l’Europe. Nous ne pouvions à cet instant que suspecter ce qui nous attendait. Vivre 55 jours durant, dans un espace-temps suspendu, physiquement isolés, dans une ville « à l’arrêt ». Prisonniers consentants de nos maisons, appartements, studios ou chambres de bonnes. Quelques mètres cubes à vivre comme les héros malgré nous d’une modeste tragédie théâtrale à huis clos, perdus dans le grand flot d’une histoire pourtant tristement réelle.
L’intuition du dessin pour « faire face » fût immédiate. D’abord comme la pratique partagée d’un rite disciplinaire, qui nous permette de maintenir entre nous ces liens dont la pandémie nous privait si subitement. Le dessin à la main aussi comme un double manifeste ; celui d’un ancrage dans un monde matériel et incarné à l’heure où nos vies - amour, fête, travail, … - ne semblaient plus pouvoir qu’être numérisées ; et celui d’économie de moyens - garante d’une certaine équité face à la manifestation sinistre de nos inégalités. Nos corps reclus, il s’agissait par le regard et la main d’autoriser nos esprits à poursuivre leur quête de sens. De re-découvrir nos espaces domestiques et à travers eux, peut-être, nous-mêmes. De démasquer et démentir ce que l’on croyait savoir et connaître. De nous échapper aussi, dans un voyage immobile. Une tentative d’épuisement en somme, à la manière de Perec, pour mieux nous trouver et nous dépasser, … et, désormais déconfinés, continuer de dessiner le « monde d’après ».

Guillaume Ramillien